ANTOINE GUIBOURGÉ
DIRECTEUR DU BUREAU D'ÉTUDE
STEVEN BECKERS
Fondateur
La grande oubliée des villes fait son retour au sein même des immeubles de bureaux1. Non plus en tant que végétation d'agrément seulement, mais avec de nouveaux rôles bien définis?: Créer du lien social, favoriser le bien-être et la santé, et même devenir une activité économiquement rentable. Deux pionniers de la réintroduction de la nature en ville nous expliquent comment.
Nouveaux enjeux
La densification urbaine amène à concentrer les individus dans un univers minéral, déconnecté de la nature.
Réintroduire le végétal dans ces espaces peut aider à vivre mieux, en dépassant largement la dimension esthétique.
Il s'agit notamment :
- de créer du lien social
- d'avoir une fonction environnementale
- de faire de la pédagogie
- de favoriser le bien-être et la santé
- d'avoir une dimension économique et alimentaire
L'enjeu, aujourd'hui, est d'imaginer des liens entre paysage et bâtiment dès la conception, à la fois dans le choix des modes constructifs et des matériaux. Le groupe scolaire des sciences et de la biodiversité à Boulogne-Billancourt, conçu par Chartier Dalix architectes, en est un exemple intéressant. Sa structure en béton est pourvue de vides afin que la microflore et la microfaune s'y installent : c'est un mur habité. Seulement deux ans après son inauguration, on a pu constater une multiplication significative des espèces, favorisant ainsi la biodiversité.
Zoom projet
Végétalisation et Agriculture urbaines : des questions à trancher
Le sujet intéresse de plus en plus d'acteurs, mais il mérite aussi de mener une réflexion sur le modèle économique à choisir (loyer2, rendement des productions…), la programmation autour des fermes urbaines (pédagogie, ateliers, location3 d'espaces…), le choix des cultures en fonction du lieu, des exigences, du concept…
« Si l'impératif de nature est une prise de conscience partagée par tous, la question du coût d'exploitation est un vrai défi et sans doute une des clés du développement de ces activités. » précise Antoine Guibourgé, directeur du bureau d'étude de MUGO.
Cas concrets :
Terrasses BNP Paribas Real Estate
Afin d'aménager deux terrasses nues, MUGO a imaginé un mix entre box contenant des plantes aromatiques en libre-service, grands bacs avec arbres fruitiers et fleurs pour la pollinisation, ainsi que des parcelles de jardin à louer pour les salariés qui le souhaitent. Au total, 70 variétés de plantes sont présentes sur ces terrasses, sur 640 m2.
Grand Central – Saint-Lazare
Cet ensemble de plus de 23 000 m2 de bureaux, commerces et services, comprend une toiture végétalisée dont les contraintes de charges4 (poids) n'autorisent que 15 cm de terre. MUGO a proposé une culture d'herbes aromatiques pour réaliser des tisanes : chaque collaborateur aura ainsi chaque année une boîte de sachets de tisanes d'une qualité proche des normes de l'agriculture biologique, dans une boîte aux couleurs de l'entreprise, ce qui favorise l'appartenance et la fierté des collaborateurs.
Terrasses BNP Paribas Real Estate - Issy-les-Moulineaux
Une ferme sur le toit de vos bureaux ?
Un circuit fermé vertueux utilise l'eau de pluie, le CO2 rejeté par l'activité humaine, les déperditions de chauffage et les déjections de poissons élevés dans des bassins afin de produire des légumes et des herbes.
Steven Beckers a imaginé avec BIGH – Building Integrated Green Houses – un ingénieux système de ferme durable associée à un bâtiment, dont la première réalisation a été inaugurée à Bruxelles en avril 2018. Sur le toit?: un jardin de 2 000 m2 et une serre de 2 000 m2 produisant tomates, herbes et micro pousses, chauffée par la récupération de l'énergie fatale (perdue) du building. Au sous-sol : un bassin d'exploitation piscicole, avec récupération et traitement des déjections des poissons, pour obtenir un engrais naturel. Le CO2 émis par l'activité de l'immeuble est absorbé par les plantes (avec 2 000 m2 de serres, on capte le CO2 de 2000 collaborateurs en une année). Les eaux de pluie, récupérées, alimentent la serre et les bassins. Au final, l'entreprise dispose de légumes, herbes, poissons, pour sa propre consommation (restaurant d'entreprise, salariés…) ou pour les vendre. « En plus d'optimiser la performance énergétique du bâtiment, nos installations ont un impact positif sur l'environnement, car elles suivent les principes de l'économie circulaire, créent de l'emploi, génère des revenus et favorisent les actions sociales » complète Steven Beckers.
Ce système fermé vertueux s'appelle l'aquaponie (association de l'aquaculture [pisciculture] et de l'hydroponie [méthode de culture sans terre]). Deux nouvelles réalisations verront le jour en 2019 et 2020 et une quinzaine de projets sont en cours.
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