Comme Stockholm, point de liaison internet vers les Pays baltes et la Russie, et comme Vienne, point de passage des câbles terrestres reliant l'Europe centrale à l'Europe de l'Est, Marseille est aujourd'hui l'une des principales plates-formes de raccordement internet d'Europe et tend à devenir un hub international des datas.
Le dynamisme de Marseille
Avec le programme Euroméditerranée l'ambition de la cité phocéenne est de s'afficher comme l'une des principales skyline de France, avec des projets ambitieux de tours et de grandes réhabilitations dont la mixité est le maître mot. Le projet Euroméditerranée est la plus grande opération de rénovation urbaine d'Europe du sud, avec ses programmes répartis sur 480 hectares et ses 7 milliards d'investissements, en plein cœur de la métropole marseillaise, entre le Port de commerce1, le Vieux-Port et la gare TGV.
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Elle veut favoriser le développement économique, social et culturel de la ville, et lui permettre de rayonner en tant que métropole au même titre que Barcelone, orientée vers la Méditerranée, tournant le dos à l'aimant parisien. Au centre du projet, près de 600 000 m2 de bureaux2 aux normes internationales, avecdes programmes comme la tour CMA GGM de Zaha Hadid, les Quais d'Arenc ou la réhabilitation des Docks, la Tour La Marseillaise imaginée par l'agence d'architecture de Jean Nouvel en cours de construction ou encore Euromed Center. Mais Euroméditerranée n'est pas qu'un agglomérat de nouveaux quartiers d'affaires, c'est un projet complet qui ambitionne de changer durablement la physionomie de la cité phocéenne.
Epicentre du bouillonnement culturel, son périmètre rassemble les équipements majeurs de Marseille, nommée Capitale Européenne de la Culture en 2013 et Capitale Européenne du Sport en 2017. Logements, écoles, culture, tourisme, travail et vie se mêlent dans ce projet urbain pensé au global.
Carrefour mondial de l'hyper-connexion
Les câbles sous-marin sont les autoroutes de l'information. Ils charrient des quantités colossales de données. Point de raccordement d'une dizaine de liaisons câblées sous-marines vers le continent africain et vers le Moyen-Orient, Marseille va également devenir une porte d'accès internet vers l'Asie.
Financé par dix-neuf opérateurs télécoms pour un montant de 1,2 milliard d'euros, le projet baptisé AAE-1 (Asia Africa Europe-1) relie, grâce à 25 000 kilomètres de fibre optique, la cité phocéenne à Hong Kong depuis la fin de l'année 2016. Dans le même temps, le câble SEA-ME-WE 5 (South East Asia-Middle East-Western Europe 5) reliant Toulon à Singapour est lui aussi devenu opérationnel pour les dix-sept opérateurs qui en ont confié la pose à Orange Marine, filiale du groupe Orange.
De nombreux projets de liaisons câblées sous-marines sont rattachés à la ville de Marseille, une vingtaine devrait aboutir d'ici à 2020. Parmi eux, se trouvent notamment celui d'Angola Cables (Brésil, Afrique de l'Ouest), Seacom (Afrique du Sud, Kenya) et WIOCC (Afrique subsaharienne). Les opérateurs de télécommunications ne sont plus les seuls à construire des infrastructures de réseaux câblés.
Les fournisseurs de contenus qui disposent des moyens financiers nécessaires jugent désormais plus rentables d'investir dans les tuyaux, afin notamment d'être autonomes. Les géants américains Microsoft et Facebook sont associés dans un projet baptisé Marea, un câble sous-marin transatlantique assurant une liaison de 6 600 kilomètres à ultra haut débit (160 téraoctets par seconde), entre la côte Est américaine (Virginie) et l'Espagne (Bilbao).
L'amélioration de la connectivité de leurs services constitue pour leur développement un enjeu crucial. La société Telxius, filiale de l'opérateur espagnol Telefónica, assure son installation qui devrait s'achever en octobre 2017. Des interconnexions seront réalisées, notamment via Marseille, vers l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie.
Marseille, des câbles sous-marin aux data centers
Point d'atterrage des câbles sous-marins, Marseille devient également le lieu d'implantation d'importants data centers, comme en témoignent les récents investissements du groupe Interxion, opérateur leader des data centers mutualisés en Europe. L'entreprise a prévu d'investir 180 millions d'euros dans l'aménagement d'anciens bâtiments au sein de la zone du grand port maritime de Marseille (GPMM), futures extensions qui viendront compléter le data center de La Joliette.
Interxion avait déjà inauguré à Marseille, le 14 avril 2015, son huitième Data Center en France. MRS1 est implanté au cœur du quartier de La Joliette, dans l'ancien site de SFR, rue Roger Salengro. Situé en façade maritime, La Joliette possède un positionnement stratégique entre port et centre-ville3 avec une accessibilité facilitée (liaison aéroport, gare TGV, autoroute, métro, tramway). C'est ici que le projet EuroMéditerranée est sorti de terre.
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« Depuis 2 ans et demi, nous avons mis un pied à Marseille et constaté l'extraordinaire appétence de la clientèle mondiale pour cette ville », confie Fabrice Coquio, président d'Interxion France. Deux nouveaux sites situés sur la zone du GPMM, destinés à héberger les infrastructures informatiques de ses clients, de grands noms de l'internet et du numérique, seront connectés à MRS1 afin de créer un campus de data centers.
De nouveaux projets d'Interxion : MRS2 et MRS3
Dans les anciens hangars de réparation navale Fouré-Lagadec, bâtis en 1951 et désaffectés depuis une vingtaine d'années, Interxion disposera de près de 4 000 mètres carrés d'espace équipé pour ses clients. Les espaces de MRS2 devraient être livrés avant la fin de l'année 2017.
Non loin, dans l'impressionnante base de sous-marins jadis baptisée « projet Martha » par les Allemands, le fournisseur de data centers disposera de 7 500 mètres carrés d'espace équipé pour installer un troisième site, MRS3. À l'instar des marchandises qui transitent chaque jour par ses quais, les données informatiques vont, elles aussi, se massifier à Marseille et, de manière symbolique, dans son port, pour partir sur les historiques routes maritimes vers l'Afrique, le Moyen et l'Extrême Orient.
Une nouvelle implantation signifiait pour Interxion d'être à proximité de la ressource électrique, mais également des réseaux Télécom qui ont la particularité à Marseille de suivre le littoral.
« Enfin, il y avait une très forte volonté de la Mairie et de la Préfecture, mais également du Port de Marseille, en pleine restructuration stratégique, de nous faciliter la vie, dans leur objectif de créer un « smartport ». Ces éléments ont grandement contribué à faciliter notre installation sur le site du GPMM, l'accord ayant été signé pour une durée de 49 ans », explique Fabrice Coquio.
L'émergence de Marseille comme Silicon Valley de l'Europe
« Les problématiques des datas centers dépassent largement les frontières. Notre métier est un métier de villes et non de territoires qui s'appuie sur des notions de disponibilité de la connectivité. Or les réseaux (télécoms, IP, privé, public) ont la particularité de se concentrer principalement autour des centres économiques majeurs. », explique Fabrice Coquio, « Tant au niveau du territoire, de la population ou du PIB, Marseille n'est pas considérée comme la ville majeure sur le marché français. Depuis 2 ans, de par la mondialisation des échanges de datas et l'accessibilité d'un certain nombre de nouveaux pays à la révolution digitale, se sont mis en place des besoins d'échanges de continent à continent. La situation de Marseille est unique, par son positionnement géographique en face de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Depuis toujours, les câbles sous-marin qui transportent 99 % des données télécom et internet dans le monde dessinent des routes pour le trafic de données. Grâce à elles, Marseille se trouve reliée à l'Afrique du Nord, au Moyen-Orient, par le Canal de Suez, à l'Inde et à l'Asie.
Le chemin le plus court pour rejoindre les cœurs des réseaux que sont les capitales économiques et grandes villes d'échange telles que Francfort, Londres, Paris et Amsterdam, est de transiter par Marseille. En face de Marseille, il y a un potentiel démographique de plusieurs milliards d'habitants dont la consommation informatique et digitale ne cesse de s'accroître !
Le deuxième événement récent est technique. Avec l'évolution technologique spectaculaire des câbles, des interconnexions se mettent en place, justifiant le décollage de Marseille et notre implantation. La réduction du temps de latence permet la mise en place d'un certain nombre de services. Nous avons intérêt à mettre au plus près des utilisateurs des plateformes pour livrer du contenu en Afrique ou en Asie. Marseille est passée d'un statut historique de transit à une ville de contenu, capable d'attirer les plus grands noms d'internet et des réseaux sociaux. La voie du « smartport » pourrait générer de nouvelles richesses et des emplois.
Paris dispose de 80 % de la capacité data center de France, soit 350 000 m2 de salle informatique, 600 000 m2 à Londres… face à 2 000 m2 pour Marseille à l'époque. Même avec nos nouveaux projets, on n'atteindra que 20 000 m2. Il y a encore beaucoup de potentiel et tout est à construire ! Il faut comprendre que nous ne sommes pas allés « en Province » : Marseille est pour nous en train de devenir un hub mondial au même titre que Singapour et Miami. Nous sommes très contents que cela puisse bénéficier aux acteurs internationaux américains comme AT&T, China Telecom, Google ou Twitter, comme aux start-ups marseillaises de la French Tech ! L'écosystème régional a compris l'intérêt de participer à cette communauté d'intérêts rassemblant tous les éléments nécessaires à l'évolutivité du monde digital de demain ».
Fabrice Coquio, Président d'Interxion France
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